Zipolite et son festival naturiste
Voici le texte de Lily à propos du festival naturiste de Zipolite publié dans la revue "Going Natural" de l'été 2020:
Ce petit paradis sans prétention que nous adorons et que nous visitons presque tous les ans depuis 2008 est devenu à l'hiver 2020 notre demeure sous le soleil pendant deux mois et demi. Tout heureux de pouvoir fuir la glaciale et enneigée période de janvier à mars (l'hiver n'est vraiment pas notre tasse de thé!), c'est le 5 janvier que Normand et moi décollons de Montréal direction Huatulco, où se trouve l'aéroport international le plus près de Zipolite (environ 1 heure de route).
Zipolite compte quelques dizaines de petits hôtels et posadas pour tous les budgets, la majorité ayant au maximum une vingtaine de chambres. Nous avions opté pour ce type d'hébergement lors de nos 11 voyages précédents qui furent d'une durée de 2 semaines ou moins. Ceux où nous avons logé le plus souvent sont l’Hôtel Nude et l’Hôtel Estrella de Mar. Mais cette fois nous avions décidé de louer un condo privé tout équipé avec cuisinette afin de pouvoir vivre un peu plus l'expérience « d'habiter » là-bas pendant ces 10 semaines, de devenir temporairement des « Zipolitains ». Pour les emplettes, pas de problème, dans le village de Zipolite on trouve quelques abarrotes (mini épiceries) ainsi qu'un petit marchand de fruits et légumes. Pour la viande, le poisson et les fruits de mer, il faut se rendre au village voisin, Puerto Angel (environ 10 minutes en voiture). Et pour avoir accès à de grands magasins, c'est à San Pedro Pochutla qu'il faut aller (environ 30 minutes de Zipolite), c'est une grande ville, on y trouve des commerces en tout genre ainsi qu’un marché public tous les lundis.
Bien que nous profitions cette fois de la possibilité de se préparer de bons petits repas, nous n'avons pas manqué l'occasion de se gâter un peu en sortant manger dans nos restaurants préférés, et ce plusieurs fois par semaine. Il y en a beaucoup, du petit comedor familial jusqu'au restaurant gourmet, et les prix sont très abordables. On mange bien à Zipolite, c’est définitivement un plus!
Ce qui nous attire à y retourner année après année est bien sûr sa plage libre, mais aussi son caractère naturel, décontracté et sans prétention. Le style d'endroit où lorsqu'il faut s'habiller, un simple paréo et une paire de gougounes constituent un minimum acceptable. Pour nous c’est une destination où pas seulement les vêtements sont optionnels mais aussi l’importance d’adopter un style ou une façon d’être. Ici chacun vit ce qu'il a envie de vivre (avec ses avantages et ses inconvénients). D’ailleurs, une des premières choses qui nous avait frappés lors de notre première visite à Zipolite est à quel point la notion « vivre et laisser vivre » revêt là-bas tout son sens; s’y côtoient des touristes des plus sobres aux plus bigarrés, dans la plus grande indifférence.
D'être là-bas pendant presque tout l'hiver, nous a permis de pouvoir assister et participer au « Festival Nudista Zipolite » (FNZ 2020) qui se déroulait du 31 janvier au 3 février. C'était la 5e édition de ce festival qui prend de l'ampleur chaque année. Juan Carlos Castañeda du comité organisateur estime à environ 8000 le nombre total de participants (2000 de plus qu’en 2019), la majorité étant mexicains et en deuxième des canadiens.
La période du FNZ est une que malheureusement nous évitions lors de nos derniers voyages pour l'unique raison qu'il est difficile de trouver de l'hébergement à Zipolite durant ce festival à moins de réserver très longtemps d'avance. De plus, les hôteliers profitent de la forte demande pour monter considérablement le prix des chambres. Mais, oh que nous étions heureux cette année de pouvoir enfin y participer!
Plusieurs activités étaient au programme: Une festive « Calenda » (parade avec fanfare et marionnettes géantes), une colorée « Caminata Neon » (promenade nocturne et feu de joie sur la plage avec danse et tam-tams, les participants couverts de poudre aux couleurs néons brillent sous les black lights), des séances de yoga, du volleyball, du body painting, des jeux de plage, un souper, des spectacles, une photo officielle, etc.
La parade (calenda) fut l'activité d'inauguration qui a attiré le plus de participants (nous estimons 2000-3000 personnes). La foule était composée de naturistes et de non-naturistes (ou semi-naturistes), de hippies, de quelques drag queens, de jeunes et de moins jeunes; plusieurs arborant fièrement leur beau body painting obtenu plus tôt dans l’après-midi. Ce joyeux défilé attire autant les touristes que les villageois qui ne manqueraient jamais une occasion de participer à une fiesta (peu importe le thème!), et tout ce beau monde réuni dans la joie et les rires. Mais attention, il faut être un(e) « naturiste qui s'assume », car impossible ici d'échapper aux objectifs des appareils photo et cellulaires de centaines de personnes qui désirent conserver un souvenir de l'évènement. La parade s'est déroulée tout le long de la rue principale pour ensuite continuer sur la plage. Plus la parade avançait plus les gens se dévêtaient, incluant nous! Jamais nous n’aurions pensé qu'un jour nous pourrions marcher nus dans les rues de Zipolite!
Un des moments du festival qui nous a le plus surpris est la série de discours enflammés sur le bonheur d'être naturiste prononcés par les différents organisateurs et représentants gouvernementaux. Saymi Pineda Velasco, la mairesse de San Pedro Pochutla (municipalité dont fait partie Zipolite), estime que ce festival est unique dans le pays et c'est avec verve qu'elle scande à répétition « Nudismo es LIBERTAD! Nudismo es TOLERANCIA! », sous les applaudissements d’une foule bigarrée et joyeuse.
Une plage libre légale
Cette ouverture et tolérance existe depuis déjà bien longtemps à Zipolite puisque le naturisme s'y pratique depuis les années 1960-70, et c'est en 2016 que Zipolite reçoit officiellement le titre de « Playa Nudista » et qu’a lieu la première édition du « Festival Nudista Zipolite ». Elle devient ainsi la première plage publique du pays à obtenir cette reconnaissance officielle ainsi que le soutien clair des autorités face à la pratique du naturisme. Dans un pays relativement conservateur et religieux tel que le Mexique, c'est inspirant de constater cette volonté de reconnaître et respecter la communauté naturiste nationale et internationale! Voilà un exemple à suivre! On pense par exemple à la section naturiste de la plage d'Oka qui ne possède pas (pas encore) de statut officiel, malgré que la nudité y soit officieusement tolérée depuis déjà quelques décennies.
L’effet d’entraînement
Depuis, notre premier voyage à Zipolite en 2008, nous avons vu croître la proportion de touristes naturistes d'année en année, et encore plus depuis que la nudité y est officiellement légale. On voit bien aussi que le mot se passe parmi la communauté naturiste internationale toujours à la recherche de nouvelles destinations. Ces dernières années, nous y avons rencontré notamment de plus en plus de naturistes canadiens qui ont décidé d'essayer cette destination sur les encouragements d'autres voyageurs. Nous avons d'ailleurs eu le plaisir d'avoir dix de nos amis du centre naturiste La Pommerie qui sont venus nous rejoindre à Zipolite pour des vacances à la mi-février, c'était leur première expérience et probablement pas la dernière!
Pendant ces dix semaines nous avons rencontré plusieurs naturistes, dont entre autres quelques membres des centres D.S.A., Loisirs Air Soleil, et Bare Oaks. Nous avons eu la chance de partager avec eux renseignements et souvenirs, mais aussi de discuter de l’importance de faire connaître la destination dans les milieux naturistes afin de continuer à faire accroître la proportion de naturistes parmi les touristes. Une question de bien-être au-delà du naturisme
Zipolite attire maintenant une clientèle assez variée, gays et hétéros, couples, personnes seules, et familles. Mais bien que la destination ne soit plus le « secret bien gardé » de quelques backpackers et hippies nostalgiques, à ce jour elle conserve quand même toujours et heureusement son caractère bohème, rustique et décontracté. Ça demande certes un peu plus de tolérance, de compromis et d’adaptation, mais nous c’est comme ça qu’on l’aime, c’est-à-dire un endroit où être libre n’est pas juste d’être nu, mais aussi d’être soi.
Remerciements aux trois principaux organisateurs du FNZ2020 : Juan Marcos Castañeda, pour nous avoir donné la permission de prendre des photos pour cet article. Jair Flores et Mercedes Aguilar Ruvalcaba pour les informations utiles qu’ils ont partagées avec nous.
Lily & Normand
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